Alors que notre pays, la France, vient de connaître un drame national avec le vol de ses bijoux, ne devrions-nous pas aussi nous interroger sur la perte, presque quotidienne, de notre patrimoine culturel immatériel ?

Un concept défini par l’UNESCO, mais un enjeu bien plus vaste

Le patrimoine culturel immatériel est un sujet sur lequel je travaille depuis 2010.
C’est un domaine qui me tient particulièrement à cœur.

S’il a d’abord été mis en avant par l’UNESCO et reste aujourd’hui principalement porté par des anthropologues et des universitaires, je suis convaincue qu’il possède un potentiel bien plus vaste.

Pour cela, il devrait être pleinement pris en considération par l’État, les fondations, les grandes maisons du luxe, l’hôtellerie, la gastronomie, les métiers d’art, le tourisme, la culture et même l’éducation.

Une présence quotidienne

En France, le patrimoine culturel immatériel est partout autour de nous : artisanat, traditions, événements festifs, connaissances et pratiques concernant la nature…

En effet, nous connaissons tous un élément transmis de génération en génération : une tradition vigneronne, un savoir-faire unique, une recette régionale, une fête de village, une chanson locale…

Sans même nous en rendre compte, nous baignons dans cette richesse culturelle au quotidien.

Un patrimoine fragilisé

Ce patrimoine disparaît chaque jour, souvent dans l’indifférence.

Des artisans cessent leur activité, accablés par les charges ou faute de moyens pour transmettre leur savoir-faire ou pour trouver un repreneur de leur atelier. Des traditions s’éteignent avec ceux qui les portaient.

Certains diront que c’est le cours naturel de la modernité et du progrès.

Et il est vrai que nul ne peut forcer un savoir ou une pratique à survivre si personne n’y est attaché.

Préserver sans figer

Mais devons-nous pour autant rester passifs ?
Parler de patrimoine culturel immatériel ne signifie pas s’accrocher au passé ou céder à la nostalgie.

C’est au contraire reconnaître qu’il existe des savoirs vivants, portés par des hommes et des femmes qui souhaitent continuer à les transmettre. C’est aussi soutenir ceux qui travaillent dur.

Cela suppose de leur offrir de réels leviers : exportation, communication, réseaux, formations, espaces de promotion, rayonnement à l’international…

Préserver le patrimoine culturel immatériel, ce n’est pas regarder en arrière : c’est donner du souffle au présent et une profondeur à l’avenir.

Le potentiel économique
du patrimoine
culturel immatériel

S’il existe peu de chiffres précis sur la disparition du patrimoine culturel immatériel, voici quelques données à considérer :

• 15 milliards d’euros : c’est le poids du tourisme culturel en France en 2012
• 30 milliards d’euros : c’est le poids que pouvait représenter le tourisme culturel en France en 2017, si le potentiel, notamment du patrimoine culturel immatériel avait été exploité
• 15 milliards d’euros : ce sont les retombées économiques estimées du tourisme culturel en 2025

De nos jours, le tourisme tourne beaucoup autour de la culture, du patrimoine et de l’art de vivre. Il ne capitalise pas sur le potentiel extraordinaire du patrimoine culturel immatériel.

Une valorisation
de l’humain

On associe souvent le mot patrimoine à des monuments, des musées ou des ensembles historiques. Mais le patrimoine, c’est aussi et surtout des êtres humains.

Des artisans, des créateurs, des porteurs de traditions qui se battent chaque jour pour transmettre un savoir-faire, perfectionner un geste, offrir des émotions à travers une œuvre, un plat ou un objet.

Je me souviens d’une élue qui, un jour, me montra son verre de vin en me disant : « Voyez Noëlie, ici nous valorisons le patrimoine culturel immatériel. »
Malheureusement, cette dame n’avait pas compris que le patrimoine culturel immatériel n’était pas seulement le vin dans le verre, mais l’humain qui se cache derrière : le vigneron, ses gestes, son histoire, son savoir-faire. Et lui, où était-il ? Tout simplement absent de cette soirée.

Une opportunité stratégique
pour demain

Le patrimoine dans son ensemble est souvent oublié, peu considéré, voire perçu comme désuet. Les moyens qui lui sont consacrés sont dérisoires, et encore plus pour le patrimoine culturel immatériel.

Pourtant, il représente une opportunité immense, que ce soit pour les secteurs du luxe, de la gastronomie, de l’hôtellerie, du tourisme et des métiers d’art.
En effet, c’est une source inépuisable d’authenticité et donc d’attractivité économique et touristique.

Certaines organisations l’ont déjà compris. Fin 2024, Relais & Châteaux a conclu un partenariat avec l’UNESCO pour développer des projets conjoints autour de la biodiversité, des traditions culinaires et de l’hospitalité.

S’approprier le patrimoine culturel immatériel comme levier durable est non seulement possible, mais urgent et indispensable.

Un enjeu pour l’humanité,
des solutions concrètes

Depuis plus de dix ans, je me consacre à ce sujet.

J’accompagne les organisations, les territoires et les entreprises qui souhaitent explorer et valoriser la richesse de leur capital humain et de leur patrimoine culturel immatériel.

Je propose notamment une formation appelée « Patrimoine culturel immatériel : explorer les traditions et les savoir-faire locaux pour enrichir l’expérience client ».

Si vous souhaitez apporter du sens et de la durabilité à vos domaines, je serais ravie de pouvoir vous accompagner.

Source 1 : https://www.atout-france.fr/fr/territoires-et-filieres-touristiques/culture-patrimoine-et-art-de-vivre
Source 2 : LEHALLE Evelyne, Les enjeux du tourisme culturel, 2012.

Noëlie Nottet

Cultures vivantes

23 octobre 2025