e monde du travail parle beaucoup de motivation, de volonté ou encore de détermination. Comme si le fait d’avancer dans la vie dépendait uniquement de nous et de notre énergie.

J’ai toujours trouvé que cela était d’une grande exigence vis-à-vis de nous-mêmes. D’une violence presque aussi. Que cela ne tenait pas compte de notre humanité, de nos faiblesses, de nos peurs et de nos doutes. Encore une course interminable à la rentabilité !

Certaines personnes ont effectivement une grande volonté pour avancer et d’autres non. Cela ferait-il de ces personnes des fainéants ? Bien sûr que non. Il suffit simplement de les aider à trouver leur chemin, à définir leur vision. Et là, ils trouveront le désir, la motivation, sous condition d’avoir levé leurs freins.

Combien de jeunes ne sont pas motivés tout simplement parce qu’ils ne se sentent pas à leur place ?

Ce que j’ai compris avec le temps,  c’est que tout ne dépendait pas uniquement de notre motivation, mais que cela dépendait surtout de notre capacité à définir une vision claire pour nos aspirations. Sans vision, peu de motivation. Sans vision, peu de désir de passer à l’action. Sans vision, aucune envie d’avancer.

Comme le dit si bien Oprah Winfrey, « personnalité afro-américaine la plus riche du 20ème siècle¹ », il est important de savoir quel est son cap professionnel : « Je veux savoir où nous allons. Avons-nous une destination ? Y-a-t-il un plan ? Ou allons-nous juste faire un tour ?² ».

Vouloir à tout prix avancer sans but, sans cap, peut devenir source de souffrance. Que ce soit en amour ou dans le monde du travail, il est important de se fixer une direction. Ou alors, il faut accepter en conscience de ne pas savoir où aller, simplement dans le désir de se laisser porter…

Si le désir en tant que tel, comporte parfois des travers, comme des illusions, des frustrations, des injonctions ou des addictions, il est en général assez sain, quand il vise des aspirations professionnelles. Il est donc important de distinguer le désir superficiel, du désir matériel ou encore du désir profond qui guide nos actions vers un futur idéal. Peu importe ce que l’on met derrière le mot idéal (et je ne parle pas ici d’un « meilleur accomplissement de soi » qui pousse encore l’être humain à un certain rendement).

Le désir est complexe car il n’est ni un besoin, ni une intuition. Il est engendré par la somme de rationnel et d’irrationnel, de conscient et d’inconscient, de notre personnalité et de ce que l’on veut incarner, de notre vocation, de notre passion et de notre mission. Il n’est pas simple à appréhender.

Et finalement, comment trouver le désir d’avancer, la motivation pour travailler, quand on ne sait pas où aller ? Comment trouver la force de se surpasser quand on ne sait pas qui l’on est et où l’on veut aller ?

Dans certains mouvements de développement personnel, certains disent que la motivation est un objectif. D’autres présentent la motivation comme un outil de mesure. Pour moi, elle n’est ni l’un, ni l’autre. Désolée messieurs (oui ce sont des messieurs qui ont développé les théories dont je vous parle), mais je ne suis pas d’accord avec vous. Je préfère revenir à l’être profond et dire que le désir est l’essence même de l’Homme, exactement comme le développe Baruch Spinoza, célèbre philosophe du XVIIème siècle.

Et je me permettrais même d’aller plus loin en donnant une double signification au mot « essence » :

• L’essence, dans la nature la plus fondamentale et immuable de l’être humain
• L’essence, comme carburant indispensable pour alimenter le moteur interne de l’être humain, comme source d’activation du désir et donc de sa motivation